Les Cunningham
. .. . dits « les antisociaux »
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__Un cirque perturbé par une dynastie de clowns formée après la Première Guerre Mondiale. Farouche et miséricorde, ce n'est pas une famille ordinaire originaire du Texas, ni même sanguinaire à l'approche de minuit. C'est une famille détruite, vouée au culte de la mort, où chacun des membres a une personnalité fascinante. Attardons-nous à leur histoire...


CIVILITÉ RÉDUITE

__Les Cunningham se limitaient aux dépenses et aux loisirs, ils ne connaissaient que l'art du spectacle pour satisfaire leur existence. Chaque Cunningham avait un but second, celui d'apprendre cet art à leurs fils, de les faire rêver d'une carrière de jongleur, d'acrobate ou de magicien. Une des personnes les plus déterminées était Roxanne, mère de trois enfants. Dans le cirque, on la connaissait sous le nom de Dame Cramoisi, à cause de la couleur de ses costumes. Elle était au plus grand niveau du spectacle de l'illusion et aimait à faire participer ses jeunes garçons et sa fille, Candice, qui était sa toute première acolyte. Dame Cramoisi était cependant superstitieuse et hystérique, citant sans arrêt les mots d'un soi-disant démon. Son mari, Andrew, avait une très grande reconnaissance envers sa famille, une famille qu'il chérissait le plus souvent possible. Dans le cirque, il était dresseur ; il n'avait pas peur des crocs des lions, il n'avait guère crainte de la lourdeur des éléphants, ni même de la brutalité des singes, bien qu'il s'était fait arraché l’œil gauche, très vite remplacé par du verre. Son frère était un pauvre mime aveugle surnommé « le Candide Mime ». Il avait, hélas une très belle femme, Elizabeth, une trapéziste qui se laissait trop souvent appeler Beth. C'est par cette union que Tommy et Zoey jouissaient d'une grande passion, celle du théâtre.
__ Et, il y avait aussi un plaisantin dans cette troupe : John Garrison. Il avait une apparence squelettique, un costume gris, et surtout un sac de course en carton qui emballait sa tête. Pour lui, c'était une façon originale de se montrer farceur. Il se surnommait « le Comique Masqué ». Il était aussi baltringue. Autrefois, on racontait qu'il était orphelin, que dans les rues il était très discret. Sur scène, il faisait des tours de magie inattendus et prenait du plaisir à faire rire son public. Pas grand chose le tourmentait, il se laissait vite influencer par les Cunningham et prenait à la rigolade toute farce abritant de l'hypocrisie.
__Ce qui fut tragique, c'est que cet homme généreux fut retrouvé un lendemain la tête et les mains en sang : on lui avait fait sauter la cervelle. C'est à partir de là que Dame Cramoisi souffrait d'une paranoïa, la malheureuse n'hésitait pas à montrer sa peur, quitte à la transmettre au reste des Cunningham. Qui avait tué le Comique Masqué ? Peut-être un homme impavide, un éleveur de bêtes, un aveugle, un couard, un jaloux ? Cet incident provoqua un rude malaise au sein du cirque, qui ne savait pas à quoi s'attendre.


EXTRAITS DE PACTES DATANT DE JUIN 1979 à MAI 1981 ;

Citation :

« Mon seigneur, mon dieu, Satan. Je te suis fidèle mais te serai reconnaissant et jurerai mon âme, mon corps tout à toi si tu me donnes passion, compréhension et amour. Je t'attendrai comme déjà mort parmi les vivants et suivrai ta route si tu me l'ordonnes. »

« Je n'ai jamais eu de craintes à ton égard. J'attends toujours un signe qui me présenterait une offre ou une quelconque aide. Je t'offrirai les pires infidélités du monde : les pittoresque qui s'imaginent drôles mais qui ne font que pleurer trahissent l'image que renvoie un diable aussi puissant. Est-ce de ces acteurs que tu me crois fidèle ? »

« Nous pouvons leur faire peur pour de bon. Nous pouvons les faire pleurer, les amuser un petit peu grâce à notre maquillage. Nous pouvons entrer dans leurs rêves. Je pourrai les mener à l'Imaginarium. »

Ce dernier pacte est une trahison. Vous l'aurez compris, c'est le docteur Parnassus qui expose au Diable sa vision des clowns. En fait, il est une victime de cette peur.
Dans son premier pacte, il implore à la seule personne qu'il croit être capable d'exaucer ses souhaits l'amour (cf. CONTEXTE N°1). Sur son deuxième bout de papier, il essaie de comploter pour avoir une réponse, il cite donc les personnages avec qui il croit être confondu, à savoir les clowns, dits les acteurs « pittoresques » qui ne savent pas s'il rejettent une image positive (le rire) ou négative (la peur). C'est sur son troisième bout de papier flétri qu'il abuse de l'écoute de son destinataire en évoquant un véritable complot, celui de faire réagir les clowns détestés. Enfin, le pacte se conclut, les clowns et leurs troupes de cirque sont désormais la cible d'une possession démoniaque, qui s'avère très proche des Cunningham.

L’ÉPOQUE FOUDROYÉE : LE DESTIN DES « GRANDS »

__Dame Cramoisi n'arrêtait pas d'affirmer que la couleur pourpre était celle de l'Enfer et qu'elle n'allait pas tarder à rejoindre la mort, persuadée d'être possédée par un démon. Elle avait à demi raison, puisqu'elle se suicida le lendemain du 10 Mai 1996, à l'âge de quarante-cinq ans. Candice en avait dix, Aaron douze, et Vilmer allait en avoir dix-huit. Abattu par la nouvelle, leur oncle, Terry, s'abandonna à la dépression, laissant crier derrière lui des torrents de larmes. A l'inverse, leur tante Elizabeth, ne pouvant supporter l'idée d'abandonner des enfants à demi orphelins, se sentit capable de continuer le spectacle qu'ils s'étaient promis d'achever. Ils avaient prévu plus de trois cents dates en quatre ans.
__Aucune chance, pas de pitié, c'est à leur deux centième spectacle, à Liverpool, devant une foule en consternation, qu'Elizabeth fit son dernier show. Il y avait plus de cinq cents personnes qui assistèrent à sa chute du haut du trapèze, à dix mètres du sol. Une malédiction ? assurément ; Deux ans après, Andrew, le seul homme considéré comme un maître du show, perdit l'équilibre dans les escaliers de leur petite maison à Austin, Texas, le 21 Décembre 2001. Il se fendit le crâne, et lorsque ses neveux aperçurent pour la dernière fois la couleur de ses yeux inertes, ils se rendirent compte qu'ils étaient orphelins. Ils emménagèrent donc chez leurs cousins devenus responsables et autonomes, après s'être promis de rester aussi souriants et actifs qu'ils l'avaient été jadis. Mais il n'y a pas de Cunningham heureux.


L’ÉPOQUE MODERNE

__Il n'y a plus de grands Cunningham, leur descendance n'étant qu'une pâle copie, ce qu'on appelle des enfants modernisés. Cependant, certains seraient prêts à parier des millions de dollars au reste de la famille pour affirmer que leurs vieux hantent les cirques du Texas...

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Illustration: we heart it, « les Cunningham, 1941 ».